Textes


L’EAU DEUX LA SURFACE
2014 Galerie Fernand Léger, Ivry-sur-Seine.

 Les premières gravures de Françoise Roy entrées dans les collections de la BnF en 1986, huit eaux-fortes en noir, accompagnaient un court extrait du Bestiaire d’Appolinaire. Ses estampes jouent depuis avec la couleur, jeu subtil sur les oxydations de l’encre blanche au contact du cuivre et du zinc dans les planches de Hierbas, lumineux orange griffant délicatement la feuille ou déployé en aplats transparents sur ses récentes Pages présentées aujourd’hui avec ses peintures à la Galerie Fernand Léger.
Peintre et graveuse, Françoise Roy construit patiemment, au fil de séries, au gré de ses recherches, avec une simplicité de moyens revendiquée (pas de matériaux sophistiqués, une peinture acrylique, des papiers, des planches récupérées) une œuvre singulière, aussi poétique que dénuée de pathos. Son travail saisit par la cohérence de son vocabulaire : formes organiques, traits fluides, transparences, superpositions. Ses peintures, ses gravures, et, à la frontière avec le dessin, ses estampages, invitent au voyage dans un univers à la fois familier et lointain, étrange espace de rencontre des matières et des éléments originels : terre, eau, souffle de l’air…
Comme la trace d’un langage très ancien, vestige d’un temps où l’homme était en accord avec les forces de l’univers, une large ligne blanche, sinueuse, crayeuse et transparente, se déploie lentement sur les fonds couleur terre cuite de quatre petits panneaux juxtaposés. Cette écriture, qu’on dirait primitive, faite de lignes coulées et de formes souples, se retrouve dans les dernières toiles de Françoise Roy, flottant dans un temps suspendu sur l’apparente simplicité des exubérants aplats monochromes comme sur les fonds  infiniment travaillés de son  grand triptyque ocre.

Cécile Pocheau Lesteven, Conservateur en chef au département des Estampes et de la photographie de la BnF. Janvier 2014.

Vidéo de l'exposition
L’EAU DEUX LA SURFACE
2014 Galerie Fernand Léger, Ivry-sur-Seine.

 




Née à Nantes en 1956, Françoise Roy s’est formée à l’Ecole nationale supérieure des arts décoratifs de Paris où elle enseigne aujourd’hui la gravure. Que ce soit avec la peinture, l’aquarelle, le dessin ou la gravure, Françoise Roy travaille par séries. Dans ses compositions abstraites, les lignes et les traits s’allongent, les formes courbes suggèrent un monde végétal et aquatique. Peintre, elle superpose la couleur sur du blanc ou le blanc sur de la couleur et joue d’effets positifs et négatifs. Avec Double page (2007), la peinture acrylique sèche rapidement sur la toile et lui permet d’obtenir des superpositions de formes et de couleurs. La texture d’une peinture métallisée ou d’une résine sur du papier chinois ou japon produit une rencontre de matières rendant visible le geste de l’effleurement, de la caresse, tout en douceur et en transparence.

Avec la gravure, elle utilise l’oxydation du métal pour obtenir des nuances de blanc sur blanc comme avec les longues lignes verticales de la suite Hierbas I (2003). La série Une discrète adversité révèle les griffures sur les plaques où se succèdent et se croisent les points, les lignes et les courbes.
Françoise Roy nous propose ainsi un vocabulaire de signes colorés entre écriture graphique et formes oniriques.

Valérie Labayle
Chargée des commandes artistiques et de l’étude de la collection
Mac/Val, musée d’art contemporain du Val-de-Marne
Juin 2009



"…Françoise Roy a emprunté à la gravure, son premier "métier", qu'elle pratique toujours d'ailleurs, cette notion d'états différenciés, où la peinture se situe dans des intervalles, un aller et retour réfléchit de l'œil et de la main, des marges de silence ou d'hypnose, mais aussi, à travers les rêves, dans la respiration de la vie."


Texte écrit par Pierre Cabanne, critique d'art, (1921-2007).
La transparence des choses.
Galerie de l'Institut Français de Madrid,1992.